Ascension du Kilimandjaro,
toit de l'Afrique
Il est 8h00 du matin en ce 4 septembre quand nous brandissons nos bras, heureux et fiers d'avoir atteints le sommet du Kilimandjaro, toit de l'Afrique après 5 jours de trek par la voie Machame.
Ce 1e T1D Challenge a réuni 12 diabétiques de type1 de 7 pays différents: France, Belgique, Canada, USA, Barbades, Brésil, Australie.
Jour1. Route pour le Machame Camp (3050m)
Après une très courte mise en jambe, c’est direct du dénivelé positif : 1800m - 3050m. +1250m au milieu d'une forêt tropicale sur les flancs du Kilimandjaro, le tout accompagné de nombreuses hypoglycémies. Les capteurs du glucose (Mesure de la Glycémie en Continu - CGM) que nous portons ne cessent de biper. Nous venons des 7 coins du Monde, avons des cultures différentes, mais une chose est sûre, nous avons (au moins!) un point en commun: notre diabète qui répond de façon identique à ce challenge sportif. Du coup, cela aide à tisser les liens lors des hypo breaks et voir que tout le monde galère (comme soi) dans ses premiers pas sur le Kilimandjaro.
Jour 2. Direction Shira Camp (3900m)
Nous laissons derrière nous la rainforest pour un paysage de plus en plus aride et rocailleux. Les grands arbres cèdent leur place progressivement à des arbustes. Nous sommes désormais au-dessus des nuages et le Kilimandjaro fait désormais parti de notre décor !
Ce soir, gros briefing sécurité car à partir de maintenant le Mal Aigu des Montagnes (MAM) et ses complications (œdème pulmonaire et œdème cérébral d'altitude) peuvent, malheureusement, sévir. Ce sont des manifestations fréquentes lors des séjours en haute altitude. Le traitement habituel le plus efficace : redescendre vers des altitudes moins élevées. Malheureusement, ce n'est pas toujours possible dans les délais nécessaires pour assurer la guérison. L'utilisation d'un caisson hyperbare portable (CHP) est donc fortement conseillé lors de telle expédition en altitude : il permet, via une surpression (+220 mbar), une baisse d'altitude variant de 2 300 m à 3 225 m quand l'altitude varie de 3 500 m à 7 000 m. Pour le test, c'est Mike, notre diabétique de type1 canadien et chercheur en diabète et sport, qui s'y colle.
Jour 3. 7h de marche pour rejoindre le Barranco Camp (3950m)
6h00. Il fait déjà grand jour. Chaque tente est réveillée par un wake-up tea et hot washing water. Que demander de plus : un room service à 4000m d'altitude sur les pentes du Kilimandjaro !
Aujourd'hui est une journée d'acclimatation à l'altitude. Ce qui nous vaudra un p’tit tour à 4600m juste pour voir. Aucun Mal Aigu des Montagnes (MAM) à déclarer : très bonne nouvelle pour toute l’équipe du T1D Challenge! Notre staff médical a pris le parti de nous donner du Diamox, un choix murement et longuement réfléchi.
Les paysages sont arides, mais époustouflants ! Seules de grosses pierres ont élu domicile sur ces pentes escarpées du Kili. Nous avançons tranquillement, et zigzaguons au milieu de ces boulders tout en ne quittant pas des yeux le Kili, qui nous domine.
Jour4. 5 heures de marche pour Karanga Camp (4000m)
P’tit déj avalé, nous nous attaquons au vertigineux Barranco wall. Un mur. Une paroi de près de 150 mètres de haut, toute verticale. Nos mains seront nos précieux alliés pour cette ascension. Surtout ne pas regarder derrière soi : c’est le vide et le chemin est très étroit, à peine 2 mètres de large. Il nous faut gérer à la fois, l’effort physique, les hypos à gogo et pour certains le vertige. Mais, la réussite n’en est que plus belle !
Une fois le Barranco wall passé, nous rejoignons le Karanga Camp, à 4000m aux pieds du Kilimandjaro. On devine le chemin de la dernière nuit, la dernière ascension, et prenons encore plus conscience de ce qui nous attend.
Jour 5. En route pour le camp de base du Kilimandjaro: Barafu Camp à 4630m
Matinée de trek : juste 3h petites heures. Mais, l'altitude commence à se faire sentir, on savoure donc cette courte matinée de marche et cette après-midi de repos. La nuit prochaine, ce n'est pas sous notre couette que nous allons la passer: mais bien à marcher.
Au Barafu Camp, on pourrait se croire sur la Lune tant l’endroit est aride et rocailleux. Seules les tentes et les vestes des trekkeurs et porteurs mettent de la couleur dans cet univers gris, froid, voire glacial, brumeux. Mystique.
L'atmosphère du camp est super bizarre. Elle est tendue. Comme si le temps s'était arrêté. Nos yeux sont tous rivés vers le sommet que l’on devine quand le brouillard se dissipe. Au camp de base du Kilimandjaro se croisent ceux qui redescendent du sommet avec leurs histoires de la nuit, leur réussite, ou leur échec. Et ceux, comme nous, pour qui l'ascension est pour la nuit prochaine.
On attend, on essaye de dormir. On rigole, on prend des photos pour immortaliser ce moment magique, unique. Mais, l'ambiance est lourde. On espère tous être au sommet, tout en sachant que c'est très rare dans un groupe de faire 100%, car le Kilimandjaro est un haut sommet qui joue avec les 6000m.
Rien à faire.
La pression monte, et le temps est de plus en plus froid. Le vent se lève.
17h. Dîner.
18h30. Dodo. Mais, dur (pour ne pas dire impossible) de fermer les yeux : un beau cocktail de tension, d’impatience, de bruit du camp, de bips de nos capteurs du glucose et pompes à insuline, de sacs de couchage, de sacs plastiques… Bref, personne ne dort.
23h: on vient nous chercher.
La nuit est noire, profonde et très froide. On enfile toutes nos couches, où devrais-je dire : « on vide notre sac sur nous » (4 couches sur la tête, 5 en haut, 2 en bas, 2 paires de gants - dont une est une paire de chaussettes de « A fond la forme! »). Nous fourrons (oui c'est bien le terme !) dans le moindre recoin de nos épaisseurs de bibendum : gels de glucose, sucres, barres de céréales, appareil à glycémie, glucagène, insuline... Dehors il fait -15°C. Tout gèle, à commencer par l’eau.
Après un p’tit dej et un dernier briefing, nous attaquons à minuit.
« Hey mon pote t’as fait quoi cette nuit ? »
« Oh bah une p’tite ascension de 4630m à 5895m ».
Au bout de 2 heures, le groupe décide de se séparer afin de respecter le rythme de chacun. Car chaque arrêt nous refroidit considérablement. Le risque d’hypothermie est là.
Longue montée dans la nuit froide, en rythme et tout doucement. Notre guide nous impose ses pas, c’est ce qui nous permettra d’aller jusqu’au bout.
Parfois, on se prend le sac de devant (?? Hmm tu dors ?).
Heureusement, le vent n’est pas trop violent. Mais, le froid est super présent.
Seules quelques frontales un peu plus haut nous rappellent que nous ne sommes pas seuls sur les pentes du Kilimandjaro.
Pour se passer le temps, on se parle en anglais, en français, en portugais, en espagnol et même en swaelli ! C'est ça le caractère unique du T1D Challenge: une équipe internationale relevant ensemble un défi.
Rien à voir si ce n’est les mollets de son ami de devant.
En rythme, nous avançons.
En rythme, nous nous arrêtons.
En rythme, nous chantons.
Vu de l'extérieur, on pourrait penser que chacun est dans sa bulle. Mais, non. Nous sommes un Groupe, et nous nous soutenons dans la gestion de nos diabètes, dans la fatigue ; nous vivons, ensemble un truc de fou (!) magique ! Team Spirit
6h du matin. Cela fait 6h que nous marchons dans la nuit noire et glaciale, quand un léger trait rouge apparaît au niveau de l'horizon. Très rapidement, le noir laisse sa place à une très jolie lumière orange, rouge, dorée.
Les couleurs sont intenses, joyeuses et chaudes.
Le paysage se dévoile et s’illumine, des langues glacières nous encerclent. C'est magnifique. Magique !
6h35: nous arrivons à Stella Point. 5739m. Nous y sommes …presque ! Un p’tit thé et des gâteaux, et nous repartons chargés à bloc, car une chose est sûre : on ne peut que finir !
40min plus tard, nous atteignons Uburu Peak - 5895m, le sommet du Kilimandjaro. Nous flottons dans notre bonheur. Nous savourons notre réussite. Nous tournons sur nous même, plusieurs fois pour photographier dans nos têtes et garder à jamais ce merveilleux 360°.
Grâce à notre diabète, oui grâce à lui, grâce à nous, grâce à notre persévérance, grâce à notre super esprit d’équipe nous avons vécu une aventure sportive et humaine EXTRAORDINAIRE !
Et au passage, nous montrons que le diabète ne doit pas être un frein à la réalisation de sa vie et de ses projets.
TOGETHER, ANYTHING IS POSSIBLE !
PS : 100% des diabétiques de type1 ont atteint les 5400m. 10 diabétiques de type1 étaient au sommet du Kilimandjaro 5895m. Les 2 qui se sont arrêtés, ont pris la très sage décision de faire demi-tour, non pas à cause de leur diabète, mais à cause du Mal Aigu des Montagnes.
Retrouvez notre belle ascension du Kilimandjaro et de ses 5895m sur notre Chaîne YouTube, rubrique T1D Challenge
Le T1D Kilimandjaro Challenge a été réalisé en partenariat avec SANOFI. Merci à toute l’équipe de m’avoir aidé à ce que ce projet voit le jour !